Transmission d’entreprise : Aspects sociaux et information des salariés

I) Information des salariés

 

A) Obligations d’information

 

Dans le cadre de la transmission d’une PME, il existe une obligation légale d’informer les salariés pour les inciter à se porter acquéreurs de l’entreprise où ils travaillent. Cette obligation concerne les entreprises de moins de 250 salariés et comporte deux volets : 

  1. Information générale : L’employeur doit informer régulièrement les salariés, tous les trois ans, sur les conditions de reprise d’une entreprise. Cette information doit inclure les étapes d’un projet de reprise, les avantages et difficultés pour les salariés et le cédant, les organismes d’accompagnement, les aspects juridiques et les dispositifs d’aide financière, ainsi que les principaux critères de valorisation de la société et son évolution prévisible.
  2. Information ponctuelle : Avant la réalisation d’une vente, l’employeur doit informer les salariés d’un projet concret de cession de la PME. Ce processus doit être initié au moins deux mois avant la conclusion de la vente, permettant aux salariés de présenter une éventuelle offre de reprise.

 

Ces obligations visent à donner aux salariés les moyens de reprendre l’entreprise, s’ils le souhaitent, et de se préparer à cette éventualité. 

 

B) Conditions relatives à la nature du projet

 

Les projets de vente soumis à cette obligation d’information incluent : 

  • La vente de fonds de commerce. 
  • La cession de plus de 50 % des parts sociales d’une SARL. 
  • La cession d’actions ou de valeurs mobilières donnant accès à la majorité du capital d’une société par actions (SA, SAS, société en commandite par actions). 

 

Certaines situations sont exclues de cette obligation, telles que les ventes limitées à la nue-propriété d’un bien, les ventes résultant d’une procédure d’exécution forcée initiée par un créancier, ou les ventes envers un conjoint, un ascendant ou un descendant. 

 

II) Droits et obligations des salariés

 

A) Modalités de l’information

 

L’information doit être communiquée de manière à rendre certaine sa réception par les salariés, par des moyens tels que : 

– Une réunion d’information avec signature d’un registre de présence. 

– Un courrier électronique avec accusé de réception. 

– Une lettre recommandée avec demande d’avis de réception. 

– La remise en main propre contre récépissé ou émargement. 

 

L’information doit inclure la volonté du propriétaire de vendre et la possibilité pour les salariés de présenter une offre de reprise. Les salariés ont également la possibilité de se faire assister par un représentant de la chambre de commerce et d’industrie, un expert-comptable, un avocat, ou toute autre personne compétente pour les aider dans leur décision. 

 

B) Droits des salariés

 

Les salariés informés d’un projet de vente ont la possibilité de présenter une offre de reprise. Ils doivent être informés de leur faculté à le faire et peuvent se faire assister par des professionnels pour évaluer leur décision. Cependant, le vendeur n’est pas obligé d’accepter ou même d’étudier l’offre des salariés. 

En vertu de l’article L2312-8 du Code du travail, les salariés sont tenus à une obligation de discrétion concernant les informations reçues. Toute indiscrétion peut entraîner des sanctions disciplinaires de la part de l’employeur et des poursuites pour réparation des préjudices subis par le vendeur. 

 

III) Sanctions en cas de non-respect 

 

A) Amende civile 

 

En cas de non-respect de l’obligation d’information des salariés, le vendeur ou le chef d’entreprise peut être tenu responsable. Une amende civile pouvant atteindre 2 % du montant de la vente peut être prononcée par la juridiction saisie. Cette sanction est laissée à l’appréciation du tribunal et peut être appliquée en cas d’absence d’information, d’information tardive ou incomplète, ou encore si le chef d’entreprise ne transmet pas l’offre d’achat d’un ou plusieurs salariés au vendeur. 

 

B) Procédure de sanction 

 

Tout salarié pouvant prouver une faute du vendeur ou du chef d’entreprise peut intenter une action en justice sur la base de la responsabilité civile délictuelle. La juridiction compétente pour ces affaires est le tribunal judiciaire, et l’action se prescrit par cinq ans. 

 

 

L’information des salariés dans le cadre de la transmission d’une PME est une obligation légale qui vise à leur permettre de se porter acquéreurs de l’entreprise. Cette obligation comporte des aspects généraux et ponctuels, chacun avec des exigences spécifiques quant à la nature et au moment de l’information. Les salariés disposent de droits pour présenter une offre de reprise et peuvent se faire assister pour évaluer cette opportunité. Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions pour le vendeur ou le chef d’entreprise, soulignant l’importance de respecter scrupuleusement ces dispositions légales. 

 

Aussi, le commissaire aux comptes joue un rôle essentiel dans ce processus. En tant qu’auditeur indépendant, il s’assure que l’information délivrée aux salariés est complète et conforme à la loi. Il veille également à ce que les procédures de transmission soient transparentes et respectent les normes légales et comptables. Son intervention contribue à instaurer la confiance et à sécuriser le processus de transmission pour toutes les parties impliquées. 

 

 

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