I) Objectifs d’un « management package »
Les salariés bénéficiaires d’un « management package » se voient attribuer divers instruments d’intéressement au capital pour les associer aux performances de la société. Ce mécanisme vise à aligner les intérêts des salariés avec ceux du chef d’entreprise et des investisseurs financiers. En devenant actionnaires, les salariés sont incités à contribuer activement au développement de l’entreprise, bénéficiant ainsi de la création de valeur lors de la transmission de celle-ci.
Les instruments d’intéressement varient en fonction des objectifs, parmi lesquels on distingue :
– Fidélisation et motivation : Encourager les salariés à rester dans l’entreprise et à s’investir dans ses performances.
– Transmission progressive : Permettre la transmission du capital à des salariés intéressés par la reprise de l’entreprise.
– Organisation d’investissements : Faciliter l’investissement des cadres dirigeants dans le cadre d’opérations de rachat par effet de levier (LBO).
Chaque instrument d’intéressement au capital est conçu pour répondre à des objectifs spécifiques. Ainsi, la mise en place d’un management package nécessite de déterminer clairement les bénéficiaires, le montant de l’investissement demandé, les conditions d’attribution et les critères de performance déclenchant le partage de la valeur.
II) Instruments de fidélisation et de motivation des salariés
A) Attribution gratuite d’actions
Les sociétés peuvent attribuer gratuitement des actions à leurs salariés ou mandataires sociaux, sur autorisation de la collectivité des associés. Cette attribution devient définitive après une période déterminée, appelée période d’acquisition, suivie éventuellement d’une période de conservation durant laquelle les actions doivent être conservées sans pouvoir être cédées.
L’article L225-197-1 du Code de commerce dispose que les sociétés par actions peuvent attribuer des actions gratuitement sur décision de l’assemblée générale extraordinaire (AGE). Cette mesure permet d’intéresser les salariés au développement de la société en les transformant en actionnaires potentiels.
L’attribution gratuite d’actions présente plusieurs avantages :
– Absence de risque financier : Les bénéficiaires n’ont aucun versement à effectuer et peuvent réaliser un gain lors de la revente des actions.
– Sécurité fiscale : Sous réserve du respect des conditions légales, le gain n’est pas requalifié par l’administration fiscale. De plus, le régime fiscal et social des actions gratuites est plus avantageux que celui des stock-options.
– Coût social : La contribution patronale spécifique est due uniquement lors de l’acquisition définitive des actions, favorisant une politique d’attribution conditionnelle en fonction des performances des bénéficiaires.
Les sociétés par actions (SA, SAS, SCA) peuvent attribuer ces actions, qui peuvent être soit existantes, soit nouvellement émises. L’attribution est décidée par les organes dirigeants (conseil d’administration, président, gérant) sur autorisation de l’AGE.
B) Réglementation et procédures
L’AGE doit autoriser l’attribution gratuite d’actions sur la base de rapports spécifiques des organes dirigeants et, le cas échéant, des commissaires aux comptes. Cette autorisation précise le pourcentage maximal du capital social pouvant être attribué gratuitement, les conditions et critères d’attribution, ainsi que la durée de la période d’acquisition.
La décision de l’AGE doit inclure :
– Pourcentage maximal du capital social : L’AGE doit fixer le pourcentage maximal du capital pouvant être attribué gratuitement, habituellement limité à 10% du capital social, bien que ce plafond puisse être porté à 30% si l’attribution bénéficie à l’ensemble des salariés.
– Durée de la période d’acquisition et de conservation : La période d’acquisition ne peut être inférieure à un an et la période de conservation peut être ajoutée pour garantir la stabilité de l’actionnariat salarié.
Décision d’attribution
Le conseil d’administration ou le directoire détermine les bénéficiaires et fixe les conditions et critères d’attribution des actions. Ces conditions peuvent inclure des critères de performance, des obligations de présence dans l’entreprise, ou d’autres objectifs spécifiques.
Les bénéficiaires doivent être informés de l’attribution, généralement par un document détaillant les conditions et critères. La société doit prouver que chaque bénéficiaire a reçu cette information.
Acquisition des actions
À l’issue de la période d’acquisition, l’attribution devient définitive. La société doit alors transférer les actions aux bénéficiaires. En cas de décès d’un bénéficiaire pendant la période d’acquisition, ses héritiers peuvent demander l’attribution des actions dans un délai de six mois.
III) Instruments d’intéressement payants
A) Stock-Options et BSPCE
Les stock-options et les bons de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSPCE) sont des instruments d’intéressement payants qui incitent les salariés à contribuer activement à la croissance de l’entreprise. Bien que ces dispositifs nécessitent un investissement financier de la part des bénéficiaires, ils offrent un potentiel de gain significatif.
Stock-Options
Les stock-options permettent aux salariés d’acheter des actions de la société à un prix fixé à l’avance, souvent inférieur à la valeur du marché. Cependant, l’attrait des stock-options a diminué en raison de l’alourdissement de leur régime fiscal et social, les rendant moins avantageuses qu’auparavant.
BSPCE
Les BSPCE sont particulièrement adaptés aux jeunes entreprises en croissance. Ils offrent un régime fiscal avantageux pour les salariés et les dirigeants de ces sociétés, permettant une participation au capital à des conditions favorables.
B) Implications fiscales et sociales
Les différents instruments d’intéressement au capital présentent des implications fiscales et sociales variées. Les attributions gratuites d’actions bénéficient d’un régime fiscal et social incitatif, sous réserve du respect des conditions légales. En revanche, les stock-options sont soumises à un régime plus lourd, aligné sur celui des salaires.
Les bénéficiaires d’actions gratuites profitent d’une grande sécurité fiscale. Le gain réalisé lors de la revente des actions est moins susceptible de faire l’objet d’une requalification par l’administration fiscale, tant que les conditions légales sont respectées. De plus, le coût social pour la société émettrice est réduit, favorisant une politique d’attribution conditionnelle en fonction des performances des bénéficiaires.
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L’intéressement des salariés au capital de l’entreprise à travers des instruments tels que les attributions gratuites d’actions, les stock-options et les BSPCE, permet d’aligner les intérêts des salariés avec ceux de l’entreprise. Ces dispositifs contribuent à la fidélisation et à la motivation des salariés, facilitant ainsi la transmission progressive de l’entreprise.
Le commissaire aux comptes joue un rôle crucial dans ce processus. En tant qu’auditeur indépendant, il s’assure de la conformité des attributions d’actions avec les réglementations en vigueur. Il veille également à la transparence et à l’intégrité des procédures, garantissant que les informations fournies aux bénéficiaires et aux actionnaires sont exactes et complètes. Son intervention renforce la confiance dans les dispositifs d’intéressement et sécurise le processus de transmission pour toutes les parties impliquées.